Contexte
La Paralysie Cérébrale (PC) est la première cause de handicap moteur chez l’enfant. C’est un trouble résultant d’une lésion du cerveau en cours de développement. Les patients peuvent présenter des troubles de l’équilibre et de la marche. Ainsi, de nombreuses thérapies connexes peuvent être utilisées comme l’Hippothérapie. Selon, la Haute Autorité de Santé, cette discipline est secondairement prioritaire pour traiter la PC. Notre étude souhaite déterminer l’impact de l’Hippothérapie sur l’équilibre dynamique lors de la marche chez les enfants atteints de PC.
Méthode
5 patients souffrant de PC de grade I et II (GMFCS) ont participé à l’étude. L’équilibre dynamique a été évalué par le test de Tinetti. Mme Meyer a fait passer le test sur un mois, avant et après les séances aux Jour 0 et 30 (séances hebdomadaires de 30 minutes).
Résultats : L’équilibre dynamique n’a pas montré d’amélioration significative (p > 0.05) après les séances d’Hippothérapie. Il n’a pas eu de différences de résultats entre les patients de grade I et II sur l’équilibre.
Conclusion et ouverture : Bien que les résultats de cette étude n’aient pas été concluants, ils soulignent néanmoins l’importance de continuer à explorer l’efficacité de l’Hippothérapie dans le traitement de ce type de pathologie.
Mots-clés : équilibre dynamique, hippothérapie, kinésithérapie, marche, paralysie cérébrale
Premièrement, Moraes et al. [1], ont cherché à évaluer les effets de l’Hippothérapie sur l’équilibre dynamique chez les enfants atteints de PC. Afin de répondre à leur questionnement, ils ont utilisé l’échelle de Berg (BBS). En comparaison avec notre travail, une autre échelle a été employée et les exercices à cheval étaient axés sur l’équilibre, pouvant ainsi entraîner des résultats discordants entre les deux recherches. Le protocole de cette étude est basé sur une séance de trente minutes, deux fois par semaine étendue sur une période de douze semaines. Notons aussi que la durée totale de cette étude est plus longue que celle de notre propre recherche. À la fin du traitement, les scores du BBS ont montré des différences significatives avec une p value < 0.001. Ainsi, un meilleur équilibre dynamique a été observé chez les enfants atteints de PC.
Toutes ces améliorations pourraient résulter du mouvement du cheval qui nécessite des ajustements posturaux continus du cavalier. Ces différentes réactions sont nécessaires afin de maintenir l’équilibre constamment en raison des perturbations favorisées par les mouvements répétitifs et rythmiques du cheval.
Une autre étude a comparé les effets de l’Hippothérapie et d’un stimulateur d’équitation sur l’équilibre des enfants atteints de PC. Pour correspondre aux critères présents dans ce mémoire, nous nous concentrerons exclusivement sur les résultats du groupe d’enfants ayant participé à l’étude à cheval car le stimulateur d’équitation s’éloigne trop du contexte de notre travail. Dans l’article de Chae-Woo Lee et al. [2], les séances d’Hippothérapie ont été très intensives, avec une heure d’exercice par jour, trois fois par semaine pendant 12 semaines. Ainsi, nous remarquons que la durée de cette étude est plus longue que la nôtre ce qui pourrait influencer la finalité des résultats. En effet, une période d’étude plus étendue augmente les chances d’obtenir davantage de résultats positifs.
Ici, Chae-Woo Lee et al. ont mesuré la capacité d’équilibre dynamique à l’aide du Pediatric Balance Scale (PBS). Cette échelle est une modification du BBS et est adaptée aux enfants. Celle-ci a pour but d’évaluer l’équilibre fonctionnel basé sur l’exécution de 14 tâches de plus en plus difficiles. Dans cette étude, le groupe ayant pratiqué l’expérimentation sur l’équidé a montré une augmentation d’environ 4 points sur le PBS et une amélioration significative de l’équilibre dynamique.
Selon l’étude de Jeong-Yi Kwon [3-A] et al. la Mesure de la Fonction Motrice Globale (GMFM) est la plus largement utilisée pour évaluer la PC [3-B]. Elle permet d’apprécier les changements qui se produisent au fil du temps afin de surveiller le développement de l’enfant ou d’aider à l’établissement d’objectifs et à la planification de la thérapie. Il existe deux versions de cette échelle : la GMFM-88 et la GMFM-66. La dimension E est celle qui nous intéresse dans cette étude car elle correspond à la marche. Ainsi, selon McGibbon et al. [4], la dimension E a montré une amélioration significative (p<0,05) après les séances d’Hippothérapie de 30 minutes. En effet, la dépense énergétique a diminué pendant la marche. De plus, une tendance à la diminution de la cadence et à l’augmentation de la longueur de foulée a été observée. Pour la réalisation de cette étude, les séances se sont déroulées deux fois par semaine, pendant huit semaines.
Troisièmement, il est à noter qu’il n’y a pas encore eu de consensus dans la littérature, pour connaître le nombre idéal de séances d’Hippothérapie qu’il faudrait, pour modifier au mieux l’équilibre postural. Ainsi, il serait intéressant de mener une étude sur ce sujet.
Du fait de l’aspect novateur de cette discipline, aucun chercheur n’a poussé jusqu’à comparer l’efficacité de l’Hippothérapie entre les patients de grade I et II de la GMFCS. Toutefois, selon l’étude de Jeong-Yi Kwon et al. [3], nous observons une augmentation de la GMFM et de l’équilibre chez les enfants classés I à III de la GMFCS, ainsi que ceux de niveau IV. Parmi les études d’une revue de littérature montrant une amélioration significative du contrôle postural, toutes n’incluent que des enfants ayant un niveau GMFCS strictement inférieur à V. De cette manière, l’Hippothérapie peut être considérée comme utile pour les enfants ayant différents niveaux fonctionnels.
Les biais de l’étude
De nombreuses limites sont retrouvées, ce qui influence grandement les résultats de l’étude. En les reconnaissant, nous cherchons à présenter les résultats de manière la plus honnête possible.
Taille de l’échantillon
La taille de l’échantillon est un facteur crucial qui influence les résultats. En effet, dans cette étude, seulement cinq patients ont été inclus représentant un échantillon trop faible. Si, celui-ci avait été plus conséquent, cela aurait permis de renforcer la fiabilité et la généralité des résultats. De plus, seulement un patient de grade II était compris dans la recherche, ce qui est trop peu pour répondre correctement à notre hypothèse.
Les critères d’inclusion ont aussi grandement limité la taille de l’échantillon de la population. Ensuite, si notre période d’inclusion des sujets avait été plus longue, nous aurions pu maintenir notre enquête plus longtemps et ainsi le nombre de participants aurait été plus important.
Dans la littérature, nous retrouvons également de nombreuses études traitant de l’Hippothérapie présentant un nombre restreint de participants.
L’absentéisme
Pour répondre à notre étude et ainsi optimiser les chances d’amélioration de l’équilibre dynamique, les participants devaient bénéficier d’une séance hebdomadaire d’Hippothérapie d’une durée de trente minutes. Néanmoins, en raison de divers facteurs tels que les problèmes de santé, les hospitalisations, les conditions météorologiques défavorables ou bien encore les contraintes personnelles. Il a été difficile que l’ensemble de la population ait recours régulièrement à une séance d’Hippothérapie par semaine. Cette variabilité dans la fréquence des séances peut compromettre la fiabilité de l’étude.
La population : variabilité individuelle
Tous les enfants inclus dans cette étude sont atteints de PC. Cette pathologie est complexe et associée à de nombreux troubles cliniques et origines [5]. Chaque enfant présente des différences individuelles telles que des thérapies complémentaires comme l’ergothérapie ou encore de séances de kinésithérapie conventionnelle. Celles-ci rendent l’échantillon non similaire et hétérogène. Ainsi, nous sommes dans l’impossibilité d’atteindre une étude parfaitement rigoureuse avec la paralysie cérébrale dû à sa diversité.
De plus, les enfants ont débuté les séances d’Hippothérapie à des moments variés, ce qui peut introduire un biais dans l’échantillon de la population étudiée.
Le test de Tinetti et son évaluation
Dans la littérature, ce test est principalement recommandé en gériatrie pour évaluer l’équilibre statique et dynamique. Cependant, nous avons décidé de l’utiliser car Madame Meyer l’emploie très régulièrement dans ses prises en charge. De plus, il répond parfaitement à nos hypothèses. Ce test est facile à utiliser, reproductible et rapide, offrant ainsi la possibilité de quantifier rapidement l’équilibre.
Le test de Tinetti est aussi très fréquemment employé dans les pathologies où l’équilibre est précaire, telles que chez les personnes âgées ou en cas de PC, par exemple. C’est aussi la raison pour laquelle nous l’avons employé.
Les conclusions du test n’ont pas été confrontées à des normes car nous nous sommes exclusivement concentrés sur la composante dynamique de celui-ci. Le détail spécifique de points de chaque item n’est pas abordé dans la littérature. C’est pourquoi, dans le cadre de notre mémoire, les résultats et observations de chaque patient ont été comparés « avant-après » à Jour 0 et à Jour 30 dans le but d’observer un potentiel changement.
Etude rétrospective observationnelle
Cette étude est de nature non interventionnelle, rétrospective et observationnelle ce qui signifie que les données ont été récoltées en amont sans intervention directe du chercheur. Cette approche offre des avantages comme la simplicité de la collecte des données. Cependant, elle peut engendrer différents problèmes de qualité des données et de biais de sélection. En effet, lors d’une étude rétrospective, il est compliqué de maîtriser ce qui a été réalisé sur le terrain mais également de connaître les actions entreprises par le patient à côté de la recherche menée (autres rendez-vous avec des équipes paramédicales par exemple).
Groupe témoin
Un aspect supplémentaire à considérer dans cette étude est l’absence d’un groupe témoin. En effet, la comparaison avec un groupe n’ayant recours qu’à de la kinésithérapie conventionnelle, sans l’ajout de l’Hippothérapie, aurait permis de renforcer la représentativité des résultats. Cependant, si ce groupe avait été mis en place, l’utilisation de données collectées par un autre kinésithérapeute aurait entraîné davantage de biais. De plus, étant donné de la complexité de la PC, la constitution d’un groupe entièrement similaire aurait été impossible.
État du patient
L’état du patient constitue également l’un des facteurs importants à prendre en compte lors de l’évaluation du test de Tinetti. En effet, la réalisation adéquate de l’évaluation peut être compromise si le patient est fatigué, malade, non concentré ou non motivé. A l’inverse, un patient très motivé facilitera sa bonne exécution. Les émotions de celui-ci peuvent également venir influencer les résultats.
De plus, compte tenu que le test est répété à plusieurs reprises, le patient devient de plus en plus autonome dans le déroulement de celui-ci ce qui provoque un sentiment de fierté et d’encouragement.
Inconvénients de l’Hippothérapie
Il existe de nombreuses limites socio-professionnelles à l’Hippothérapie. En effet, cette spécialité peut être coûteuse du fait qu’elle n’est généralement pas couverte par l’assurance maladie. Il existe néanmoins certaines mutuelles qui prennent en charge ce soin. Toutefois, cette thérapie reste difficilement accessible aux familles. Les coûts peuvent être liés à l’entretien et aux soins des équidés, à l’équipement ou bien encore au prix de la formation par les thérapeutes. De ce fait, le nombre de participants potentiels à l’étude est faible.
De plus, les centres permettant d’accueillir l’Hippothérapie sont très régulièrement excentrés des villes ce qui rend difficile son accessibilité. La variation des lieux d’exercices et de l’environnement peut également influencer les résultats de l’étude. En effet, les tests n’ont pas été effectués dans le même centre et dans des conditions uniformes. Par exemple, à Krautergersheim, ils se sont déroulés en extérieur, tandis qu’à Scherwiller, ils ont eu lieu en intérieur. Par conséquent, les différences de sol et de température entre les sites de pratique de l’Hippothérapie peuvent entraîner des répercussions sur le déroulement et sur les conclusions des tests.
Dans les centres équestres, il est nécessaire de posséder des infrastructures adaptées à cette discipline ce qui peut être un frein à sa réalisation. En effet, une rampe, un montoir, un lève-personne ou encore des toilettes et des portes adaptées sont essentielles à la bonne pratique de l’Hippothérapie.
A cela, s’ajoutent d’autres contraintes telles que la météo, la peur, l’anxiété de l’animal ou encore les réactions allergiques [6].
En Hippothérapie, il est très important d’exercer en collaboration avec une équipe thérapeutique [6]. En effet, la présence de trois personnes, à savoir un thérapeute, un manieur puis un accompagnateur est nécessaire pour garantir la sécurité et le bon déroulement des séances. Celle-ci peut régulièrement changer et ainsi impacter les tests, le contenu et le cadre des séances. C’est pourquoi disposer d’une équipe de soins compétente peut favoriser la réussite de la pratique de l’Hippothérapie.
Ainsi, peu de patients ont accès à cette discipline [7], ce qui limite la significativité des études portant sur l’Hippothérapie.
Bibliographie :
[1] Moraes AG, Copetti F, Angelo VR, Chiavoloni LL, David AC. The effects of hippotherapy on postural balance and functional ability in children with cerebral palsy. J Phys Ther Sci. 2016
[2] Lee CW, Kim SG, Na SS. The Effects of Hippotherapy and a Horse Riding Simulator on the Balance of Children with Cerebral Palsy. J Phys Ther Sci. 2014
[3-A] Kwon JY, Chang HJ, Yi SH, Lee JY, Shin HY, Kim YH. Effect of Hippotherapy on Gross Motor Function in Children with Cerebral Palsy: A Randomized Controlled Trial. The Journal of Alternative and Complementary Medicine. Janv 2015
[3-B] Gmfm-88_and_66_scoresheet.pdf [Internet]. Disponible sur : https://canchild.ca/system/tenon/assets/attachments/000/000/218/original/gmfm-88_and_66_scoresheet.pdf
[4] McGibbon NH, Andrade CK, Widener G, Cintas HL. Effect of an equine-movement therapy program on gait, energy expenditure, and motor function in children with spastic cerebral palsy: a pilot study. Developmental Medicine & Child Neurology. 1998
[5] Gross Motor Function Measure [Internet]. Cerebral Palsy Alliance. Disponible sur: https://cerebralpalsy.org.au/cerebral-palsy/assessments-outcome-measures/gross-motor-function-measure/
[6] Meyer Léa. L’hippothérapie : Rééducation et réadaptation fonctionnelle assistée par le cheval. I.D l’Edition.
[7] Tseng SH, Chen HC, Tam KW. Systematic review and meta-analysis of the effect of equine assisted activities and therapies on gross motor outcome in children with cerebral palsy. Disability and Rehabilitation. Janv 2013






